L’auteur
Pierre Desproges est un humoriste français, né en 1939 et mort en 1988. A partir des années 1960, il a collaboré à de nombreux journaux, ainsi qu’à des émissions de radio et de télévision.
L’oeuvre
De 1980 à 1983, Pierre Desproges a participé à une émission de télévision comique intitulée « Le Tribunal des flagrants délires ». Il tenait le rôle du procureur, chargé de prononcer les réquisitoires contre les invités de l’émission. Comme le titre l’indiquait clairement, cette parodie de justice s’intéressait plus aux « délires » qu’aux « délits ». Le plus souvent, Desproges négligeait délibérément la personnalité de l’invité, préférant aborder les thèmes qui lui étaient chers : la franchouillardise, le racisme, la bêtise, l’intolérance, le conformisme, etc.
Le rapport avec le programme de BTS
Les Réquisitoires du tribunal des flagrants délires fait partie de la bibliographie officielle du programme de BTS. Desproges est souvent évoqué dans les anthologies de textes concernant le rire à propos de son réquisitoire contre Jean-Marie Le Pen qui tentait de répondre à la question « Peut-on rire de tout ? » (p. 129-134). Certains réquisitoires qui font référence au contexte politique du début des années 1980 risquent d’être difficiles à apprécier pour les lecteurs qui n’ont pas connu cette époque. Mais, la plupart des textes ont bien vieilli et fonctionnent toujours grâce à l’humour absurde de Desproges ou à son goût de la provocation. Desproges est par ailleurs incontournable pour les amateurs de contrepèteries approximatives.
Deux extraits
Un exemple d’humour absurde, la recette du « cheval melba » : « Pour bien réussir le cheval melba, prenez un cheval. Un beau cheval. Le poil doit être lisse, c’est un signe de bonne santé. L’oeil doit être vif, éveillé, et on doit y sentir, dans cet oeil de cheval, ce regard indéfinissable, plein de tendresse débordante et de confiance éperdue dans l’homme dont ces cons d’animaux ne se départissent habituellement qu’aux portes des abattoirs. Donc, prenez un cheval. Comptez environ huit cents kilos pour mille deux cents personnes. Pendant qu’il cherche à enfouir son museau dans votre cou pour un câlin, foutez-y un coup de burin dans la gueule. Attention ! Sans le tuer complètement : le cheval, c’ est comme le homard ou le bébé phoque, faut les cuire vivants, pour le jus c’est meilleur ! Bon. Réservez les os et les intestins pour les enfants du tiers-monde. Débarassez ensuite la volaille de tous ses poils, crinière, sabots et de tous les parasites qui y pulullent, poux, puces, jockeys, etc. Réservez les yeux. Mettez-les de côté, vous les donnerez à bébé pour qu’il puisse jouer au tennis sans se blesser car l’oeil du cheval est très doux. Préparez pendant ce temps votre court-bouillon, avec sel, poivre thym, laurier, un oignon, clou de girofle, persil, pas de basilic, une carotte et un mérou qui vous indiquera, en explosant, la fin de la cuisson à feu vif, comme pour la recette du chat grand veneur ; quand le chat pète le mérou bout et quand le chat bout le mérou pète ».
L’avis de Desproges sur la peine de mort (abolie peu avant le sketch, en 1981) : « Un beau jour, on entame une partie de pétanque avec les copains, sous les platanes bruissant d’étourneaux, l’air sent l’herbe chaude et l’anis, et les enfants jouent nus, et la nuit sera gaie, avec de l’amour et des guitares, et puis voici que tu te baisses pour ajuster ton tir, et clac, cette artère à la con te pète sous la tempe, et tu meurs en bermuda. Et, c’est là, mon frère que je pose la question : à qui est le point ? » (p. 164).
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Utilité : 12/20
Nicolas Padiou
