Dans un film, la musique dite « diégétique » est justifiée à l’image par des objets : on voit par exemple un orchestre jouer la musique qu’on entend, un personnage allumer la radio ou mettre des écouteurs. La musique « extradiégétique » est, a contrario, une musique « d’ambiance », plaquée sur l’image le plus souvent pour en accentuer l’effet : musique angoissante pour un film d’épouvante, musique entraînante pour une comédie, musique triste pour un mélodrame. Dans les deux cas, la musique peut être originale (créée pour le film) ou se composer d’airs connus, elle peut être instrumentale ou prendre la forme d’une chanson. On est tellement habitué à cette musique au cinéma qu’on ne se pose pas du tout la question de savoir « d’où vient la musique » dans un film et on ne s’étonne pas d’entendre comme spectateurs de la musique que les personnages « ressentent » éventuellement mais sans véritablement l’entendre puisqu’elle arrive bien souvent de nulle part…
Ci-dessous deux exemples de musique « extradiégétique » et « diégétique » :
1) La fameuse scène de la douche de Psychose (1960) d’Alfred Hitchcock : on commence avec un son réaliste (même s’il n’est pas enregistré en direct), avec déballage du savon, bruit de l’eau qui coule, etc., puis la musique angoissante de Bernard Hermann, avant un retour au son réaliste à la fin de la scène. Et là, c’est le spectateur qui sent l’angoisse monter grâce à la musique et pas du tout le personnage qui ne se doute de rien…
2) Un extrait de Control (2007), film d’Anton Corbjin consacré au groupe de rock Joy Division où le son « diégétique » d’une répétition se transforme insensiblement en son tout aussi diégétique d’un concert (pour la même chanson que la répétition).
En théorie, les cinéastes privilégient l’une ou l’autre stratégie, selon le degré de réalisme sonore qu’ils veulent donner à leur film. Mais en pratique, très peu sont totalement fidèles à un seul parti… La musique vient donc souvent « d’un peu partout » dans les films !